vendredi 3 mai 2024

Le monde comme il va - Vision de Babouc Voltaire 3/3(Nouvelle France )a gaieté

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                                                 Le monde comme il va

                                                                          Vision de  Babouc

                                         ( écrite par lui-même )  suite 3

            Babouc, fort incertain sur ce qu'il devait penser de Persépolis, résolut de voir les mages et les lettrés : car les uns étudient la sagesse, et les autres la religion ; et il se flatta que ceux-là obtiendraient grâce pour le reste du peuple. Dès le lendemain matin il se transporta dans un collège de mages. L'archimandrite lui avoua qu'il avait cent mille écus de rente pour avoir fait vœu de pauvreté, et qu'il exerçait un empire assez étendu en vertu de son vœu d'humilité ; après quoi il laissa Babouc entre les mains d'un petit frère qui lui fit les honneurs.
            Tandis que ce frère lui montrait les magnificences de cette maison de pénitence, un bruit se répandit qu'il était venu pour réformer toutes ces maisons. Aussitôt il reçut des mémoires de chacune d'elles ; et les mémoires disaient tous en substance: " Conservez-nus et détruisez tous les autres. " A entendre leurs apologies ces sociétés étaient toutes nécessaires ; à entendre leurs accusations réciproques, elles méritaient toutes d'être anéanties. Il admirait comme il n'y en avait aucune d'elles qui, pour édifier l'univers, ne voulût en avoir l'empire. Alors il lui dit :
            - Je vois bien que l'oeuvre va s'accomplir, car Zerdust est revenu sur la terre ; les petites filles prophétisent en se faisant donner des coups de pincettes par devant et le fouet par derrière. Ainsi nous vous demandons votre protection contre le grand-lama.
            - Comment ! dit Babouc, contre ce pontife-roi qui réside au Thibet ?
 
        - Contre lui-même.
            - Vous lui faites donc la guerre et vous levez contre lui des armées ? 
            - Non ; mais il dit que l'homme est libre et nous n'en croyons rien ; nous écrivons contre lui de petits livres qu'il ne lit pas ; à peine a-t-il entendu parler de nous ; il nous a seulement fait condamner, comme un maître ordonne qu'on échenille les arbres de ses jardins.
            Babouc frémit de la folie de ces hommes qui faisaient profession de sagesse, des intrigues de ceux qui avaient renoncé au monde, de l'ambition et de la convoitise orgueilleuse de ceux qui enseignaient l'humilité et le désintéressément ; il conclut qu'Ituriel avait de bonnes raisons pour détruire toute cette engeance.

            Retiré chez lui, il envoya chercher des livres nouveaux pour adoucir son chagrin, et il pria quelques lettrés à dîner pour se réjouir. Il en vient deux fois plus qu'il n'en avait demandé, comme les guêpes que le miel attire. Ces parasites se pressaient de manger et de parler ; ils louaient deux sortes de personnes, les morts et eux-mêmes, et jamais leurs contemporains, excepté le maître de maison. Si quelqu'un d'eux disait un bon mot, les autres baissaient les yeux et se mordaient les lèvres de douleur de ne l'avoir pas dit. Ils avaient moins de dissimulation que les mages, parce qu'ils n'avaient pas de  grands objectifs d'ambition. Chacun d'eux briguait une place de valet et une réputation de grand homme ; ils se disaient en face des choses insultantes, qu'ils croyaient des traits d'esprit. Ils avaient eu quelque connaissance de la mission de Babouc. L'un d'eux le pria tout bas d'exterminer un auteur quand il ne l'avait pas assez loué il y avait cinq ans ; un autre demanda la perte d'un citoyen qui n'avait jamais ri à ses comédies ; un troisième demanda l'extinction de l'Académie, parce qu'il n'avait jamais pu parvenir à  y être admis. Le repas fini, chacun d'eux s'en alla seul, car il n'y avait pas dans toute la troupe deux hommes qui pussent se souffrir, ni même se parler ailleurs que chez les riches qui les invitaient à leur table. Babouc jugea qu'il n'y aurait pas grand mal quand cette vermine périrait dans la destruction générale.

            Dès qu'il se fut défait d'eux, il se mit à lire quelques livres nouveaux. Il y reconnut l'esprit de ses convives. Il vit surtout avec indignation ces gazettes de la médisance, ces archives du mauvais goût, que l'envie, la bassesse et la faim ont dictées ; ces lâches satires où l'on ménage le vautour et où l'on déchire la colombe ; ces romans dénués d'imagination, où l'on voit tant de portraits de femmes que l'auteur ne connaît pas.
            Il jeta au feu tous ces détestables écrits, et sortit pour aller le soir à la promenade. On le présenta à un vieux lettré qui n'était point venu grossir le nombre de ses parasites. Ce lettré fuyait toujours la foule, connaissait les hommes, en faisait usage, et se communiquait avec discrétion. Babouc lui parla avec douleur de ce qu'il avait lu et de ce qu'il avait vu.
            - Vous avez lu des choses bien méprisables, lui dit le sage lettré ; mais dans tous les temps, et dans tous les pays, et dans tous les genres, le mauvais fourmille, et le bon est rare. Vous avez reçu chez vous le rebut de la pédanterie, parce que, dans toutes les professions, ce qu'il y a de plus indigne de paraître est toujours ce qui se présente avec le plus d'impudence. Les véritables sages vivent entre eux retirés et tranquilles ; il y a encore parmi nous des hommes et des livres dignes de votre attention. 
            Dans le temps qu'il parlait ainsi, un autre lettré les joignit ; leurs discours furent si agréables et si instructifs, si élevés au-dessus des préjugés et si conformes à la vertu, que Babouc avoua n'avoir jamais rien entendu de pareil.                                                                  popfixion.fr
             - " Voilà des hommes, disait-il tout bas, à qui l'ange Ituriel n'osera toucher, ou il sera bien impitoyable. " 
            Accommodé avec les lettrés, il était toujours en colère contre le reste de la nation.
            - Vous êtes étranger, lui dit l'homme judicieux qui lui parlait, les abus se présentent à vos yeux en foule, et le bien, qui résulte quelquefois de ces abus mêmes, vous échappe.
            Alors il apprit que parmi les lettrés il y en avait quelques-uns qui n'étaient pas envieux, et que parmi les mages mêmes il y en avait de vertueux. Il conçut à la fin que ces grands corps, qui semblaient en se chiquant, préparer leurs communes ruines, étaient au fond des institutions salutaires ; que chaque société de mages était un frein à ses rivales ; que si ces émules différaient dans quelques opinions, ils enseignaient tous la même morale, qu'ils instruisaient le peuple, et qu'ils vivaient soumis aux lois, semblables aux précepteurs qui veillent sur le fils de la maison, tandis que le maître veille sur eux-mêmes. Il en pratiqua plusieurs, et vit des âmes célestes. Il apprit même que parmi les fous qui prétendaient faire la guerre au grand-lama, il y avait eu de très grands hommes. Il soupçonna enfin qu'il pourrait bien en être des mœurs de Persépolis comme des édifices, dont les uns lui avaient paru dignes de pitié, et les autres l'avaient ravi en admiration.
            Il dit à son lettré ;
            - Je connais très bien que ces mages que j'avais crus si dangereux, sont en effet très utiles, surtout quand un gouvernement sage les empêche de se rendre trop nécessaires ; mais vous m'avouerez au moins que vos jeunes magistrats, qui achètent une charge de juge dès qu'ils ont appris à monter à cheval, doivent étaler dans les tribunaux tout ce que l'impertinence a de plus ridicule, et tout ce que l'iniquité a de plus pervers ; il vaudrait mieux sans doute donner ces places gratuitement à ces vieux jurisconsultes qui ont passé toute leur vie à peser le pour et le contre.
            Le lettré lui répliqua :
            - Vous avez vu notre armée avant d'arriver à Persépolis ; vous savez que nos jeunes officiers se battent très bien, quoiqu'ils aient acheté leurs charges : peut-être verrez-vous que nos jeunes magistrats ne jugent pas mal, quoiqu'ils aient payé pour juger.
            Il le mena le lendemain au grand tribunal, où l'on devait rendre un arrêt important. La cause était connue de tout le monde. Tous ces vieux avocats qui en parlaient étaient flottants dans leurs opinions ; ils alléguaient cent lois, souvent de très bonnes choses dont aucune n'était applicable au fond de la question ; ils regardaient l'affaire par cent côtés, dont aucune n'était dans son vrai jour : les juges décidèrent plus vite que les avocats ne doutèrent. Leur jugement fut presque unanime : ils jugèrent bien, parce qu'ils suivaient les lumières de la raison . et les autres avaient opiné mal, parce qu'ils n'avaient consulté que leurs livres.                                                                                shadoks.fandom.com    
            Babouc conclut qu'il y avait souvent de très bonnes choses dans les abus. Il vit dès le jour même que les richesses des financiers, qui l'avaient tant révolté, pouvaient produire un effet excellent, car, l'empereur ayant eu besoin d'argent, il trouva en une heure, par leur moyen, ce qu'il n'aurait pas eu en six mois par les voies ordinaires ; il vit que ces gros nuages enflés de la rosée de la terre, lui rendaient en pluie ce qu'ils en recevaient. D'ailleurs les enfants de ces hommes nouveaux, souvent mieux élevés que ceux des familles plus anciennes valaient quelquefois beaucoup mieux : car rien n'empêche qu'on soit un bon juge, un brave guerrier, un homme d'Etat habile, quand on a eu un père bon calculateur.
            Insensiblement Babouc faisait grâce à l'avidité du financier, qui n'est pas au fond plus avide que les autres hommes, et qui est nécessaire. Il excusait la folie de se ruiner pour juger et pour se battre, folie qui produit de grands magistrats et des héros. Il pardonnait à l'envie des lettrés, parmi lesquels il se trouvait des hommes qui éclairaient le monde ; il se réconciliait avec les mages ambitieux et intrigants, chez lesquels il y avait plus de grandes vertus encore que de petits vices ; mais il lui restait bien des griefs, et surtout les galanteries des dames et les désolations qui en devaient être la suite le remplissaient d'inquiétude et d'effroi.
            Comme il voulait pénétrer dans toutes les conditions humaines, il se fit mener chez un ministre; mais tremblait toujours en chemin que quelque femme ne fût assassinée en sa présence par son mari. Arrivé chez l'homme d'Etat il resta deux heures dans l'antichambre sans être annoncé, et deux heures encore après l'avoir été. Il se promettait bien dans l'intervalle de recommander à l'ange Ituriel et le ministre et ses insolents huissiers. L'antichambre était remplie de dames de tout étage, de mages de toutes couleurs, de juges, de marchands, d'officiers, de pédants ; tous se plaignaient du ministre. L'avare et l'usurier disaient :
            - Sans doute cet homme-là pille les provinces.
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          Le capricieux lui reprochait d'être bizarre ; le voluptueux disait :
            - Il ne songe qu'à ses plaisirs.
            L'intrigant se flattait de le voir bientôt perdu par une cabale ; les femmes espéraient qu'on leur donnerait bientôt un ministre plus jeune.
            Babouc entendait leurs discours ; il ne put s'empêcher de dire :
            - Voilà un homme bien heureux, il a tous ses ennemis dans son  antichambre ; il écrase de son pouvoir ceux qui l'envient ; il veut à ses pieds ceux qui le détestent.
            Il entra enfin ; il vit un petit vieillard courbé sous le pois des années et des affaires, mais encore vif et plein d'esprit.
            Babouc lui plut, et il parut à Babouc un homme estimable. La conversation devint intéressante. Le ministre lui avoua qu'il était un homme très malheureux, qu'il passait pour riche et qu'il était pauvre ; qu'on le croyait tout-puissant, et qu'il était toujours contredit ; qu'il n'avait guère obligé que des ingrats, et que dans un travail continuel de quarante années il avait eu à peine un moment de consolation. Babouc en fut touché, et pensa que, si cet homme avait fait des fautes, et si l'ange Ituriel voulait le punir, il ne fallait pas l'exterminer, mais seulement lui laisser sa place.

                 Tandis qu'il parlait au ministre, entra brusquement la belle dame chez qui Babouc avait dîné ; on voyait dans ses yeux et sur son front les symptômes de la douleur et de la colère. Elle éclata en reproches contre l'homme d'Etat, elle versa des larmes ; elle se plaignit avec amertume de ce qu'on avait refusé à son mari une place où sa naissance lui permettait d'aspirer, et que ses services et ses blessures méritaient ; elle s'exprima avec tant de force, elle mit tant de grâces dans ses plaintes, elle détruisit les objections avec tant d'adresse, elle fit valoir les raisons avec tant d'éloquence, qu'elle ne sortit point de la chambre sans avoir fait la fortune de son mari.
            Babouc lui donna la main :
            - Est-il possible, madame, lui dit-il, que vous vous soyez donné toute cette peine pour un homme que vous n'aimez point, et dont vous avez tout à craindre ?
            - Un homme que je n'aimes point ! s'écria-t-elle ; sachez que mon mari est le meilleur ami que j'aie au monde, qu'il n'y a rien que je ne lui sacrifie hors mon amant ; et qu'il ferait tout pour moi, hors de quitter sa maîtresse. Je veux vous la faire connaître : c'est une femme charmante, pleine d'esprit, et du meilleur caractère du monde ; nous soupons ensemble ce soir avec mon mari et mon petit mage, venez partager notre joie.
            La dame mena Babouc chez elle. Le mari, qui était enfin arrivé plongé dans la douleur, revit sa femme avec des transports d'allégresse et de reconnaissance ; il embrassait tour  à tour sa femme, sa maîtresse, le petit mage et Babouc. L'union, la gaieté, l'esprit et les grâces furent l'âme de ce repas.
            - Apprenez, lui dit la belle dame chez laquelle il soupa, que celle qu'on appelle quelquefois de malhonnêtes femmes ont presque toujours le mérite d'un très honnête homme ; et pour vous en convaincre, venez avec moi dîner demain chez la belle Téone. Il y a quelques vieilles vestales qui la déchirent, mais elle fair plus de bien qu'elles toutes ensemble. Elle ne commettrait pas une légère injustice pour le plus grand intérêt ; elle ne donne à son amant que des conseils généreux ; elle n'est occupée que de sa gloire ; il rougirait devant elle s'il avait raté une occasion de faire du bien, car rien n'encourage plus aux actions vertueuses que d'avoir pour témoin et pour juge une maîtresse dont on veut mériter l'estime.                                                                                                                                                 
            Baboune manqua pas au rendez-vous. Il vit une maison où régnaientt us les plaisirs. Téone régnait sur eux ; elle savait parler à chacun son langage. Son esprit naturel mettait à son aise celui des autres ; elle plaisait sans presque le vouloir ; elle était aussi aimable que bienfaisante ; et, ce qui augmentait le prix de toutes ces bonnes qualités, elle était belle.
            Babouc, tout Scythe et tout envoyé qu'il était d'un génie, s'aperçut que, s'il restait encore à Persépolis, il oublierait Ituriel pour Téone. Il s'affectionnait à la ville, dont le peuples était poli, doux et bienfaisant, quoique léger, médisant et plein de vanité. Il craignait que Persépolis ne fut condamné ; il craignait même le compte qu'il allait rendre.
            Voici comme il s'y prit pour rendre ce compte. Il fit faire par le meilleur fondeur de la ville une petite statue composée de tous les métaux, des terres et des pierres les plus précieuses ?et les plus viles ; il la porta à Ituriel :
            - Casserez-vous, dit-il, cette jolie statue parce que tout n'y est pas or et diamants 
            Ituriel entendit à demi-mot ; il résolut de ne pas même songer à corriger Persépolis, et de laisser aller le monde comme il va car, dit-il, " si tout n'est pas bien, tout est passable ". On laissa donc subsister Persépolis, et Babouc fut bien loin de se plaindre, comme Jonas, qui se fâcha de ce qu'on ne détruisit pas Ninive. Mais quand on a été trois jours dans le corps d'une baleine, on n'est pas de si bonne humeur que quand on a été à l'opéra, à la comédie, et qu'on a soupé en bonne compagnie.



                                            FIN                              
                                                     de                     
                                                           La vie comme elle va

                                        in Contes et Romans Voltaire












            
            









































dimanche 14 avril 2024

Le monde comme il va - Vision de Babouc Voltaire 2/4( Nouvelle France )

 






                                                             Le monde comme il va

                                                                          Vision de  Babouc

                                         ( écrite par lui-même )  suite 2

            Cependant le soleil approchait du haut de sa carrière. Babpic devait aller dîner à l'autre bout de la ville, chez une dame pour laquelle son mari, officier de l'armée, lui avait donné des lettres. Il fit d'abord  plusieurs tours dans Persépolis ; il vit d'autres temples mieux bâtis et mieux ornés, remplis d'un peuple poli et retentissant d'une musique harmonieuse ; il remarqua des fontaines publiques, lesquelles, quoique mal placées frappaient les yeux par leur beauté ; des places où semblaient respirer en bronze les meilleurs rois qui avaient gouverné la Perse ; d'autres places où il entendait le peuple s'écrier :
            - Quand verrons-nous ici le maître que nous chérissons ? 
            Il admira les ponts magnifiques élevés sur le fleuve, les quais superbes et commodes, les palais bâtis à droite et à gauche, une maison immense où des milliers de vieux soldat blessés et vainqueurs rendaient chaque jour grâces au Dieu des armées. Il entra enfin chez la dame qui l'attendait à dîner avec une compagnie d'honnêtes gens. La maison était propre et ornée, le repas délicieux. La dame jeune, belle, spirituelle, engageante, la compagnie digne d'elle, et Babouc disait en lui-même à tout moment :
            " L'ange Iturel se moque du monde de vouloir détruire une ville si charmante. "

            Cependant il s'aperçut que la dame qui avait commencé par lui demander tendrement des nouvelles de son mari, parlait plus tendrement encore vers la fin du repas à un jeune mage. Il vit un magistrat qui, en présence de sa femme, pressait avec vivacité une veuve, et cette veuve indulgente avait une main passée autour du cou du magistrat tandis qu'elle tendait l'autre à un jeune citoyen très beau et très modeste. La femme du magistrat se leva de table la première pour aller entretenir dans un cabinet voisin son directeur qui arrivait trop tard et qu'on avait attendu à dîner. Et le directeur homme éloquent lui parla dans ce cabinet lui parla avec tant de véhémence et d'onction que la dame avait, quand elle revint, les yeux humides, les joues enflammées, la démarche mal assurée, la parole tremblante.
            Alors Babouc commença à craindre que le génie Iturel n'eût raison. Le talent qu'il avait d'attirer la confiance le mit dès le jour même dans les secrets de la dame : elle lui confia son goût pour le jeune mage et l'assura que dans toutes les maisons de Persépolis il trouverait l'équivalent de ce qu'il avait vu dans la sienne. Babouc conclut qu'une telle société ne pouvait subsister ; que la jalousie, la discorde, la vengeance devaient désoler toutes les maisons ; car les larmes et le sang devaient couler tous les jours ; que certainement les maris tueraient les galants de leurs femmes ou en seraient tués ; et qu'enfin Ituriel ferait fort bien de détruire tout d'un coup une ville abandonnée à de continuels désordres.

            Il était plongé dans ces idées funestes, quand il se présenta à la porte un homme grave, en manteau noir, qui demanda humblement à parler au jeune magistrat. Celui-ci, sans se lever, sans le regarder, lui donna fièrement et d'un air distrait quelques papiers et le congédia. Babouc demanda quel était cet homme. La maitresse de la maison lui dit tout bas :
            - C'est un des meilleurs avocats de la ville ; il y a cinquante ans qu'il étudie les lois, Monsieur, qui n'a que vingt cinq ans et qui est satrape de la ville depuis deux jours lui donne à faire l'extrait d'un procès qu'il doit juger, qu'il n'a pas encore examiné.
            - Ce jeune étourdi fait sagement, dit Babouc, de demander conseil à un vieillard, mais pourquoi n'est-ce pas ce vieillard qui est juge ?
            - Vous vous moquez, lui dit-on, jamais ceux qui ont vieilli dans les emplois laborieux et subalternes ne parviennent aux dignités. Ce jeune homme a une grande charge parce que son père est riche et qu'ici le droit de rendre la justice s'achète comme une métairie.
            - Ô mœurs ! ô malheureuse ville ! s'écria Babouc ; voilà le comble du désordre ; sans doute, ceux qui ont ainsi acheté le droit de juger vendent leurs jugements ; je ne vois ici que des abîmes d'iniquité.
            Comme il marquait ainsi sa douleur et sa surprise, un jeune guerrier, qui était revenu ce jour même de l'armée,  lui dit :
            - Pourquoi ne voulez-vous pas qu'on achète les emplois de la robe ? J'ai bien acheté, moi, le droit d'affronter la mort à la tête de deux mille hommes, que je commande ; il m'en a coûté quarante mille dariques d'or cette année pour coucher sur la terre trente nuits de suite en habit rouge, et pour recevoir ensuite deux bons coups de flèches dont je me sens encore. Si je me ruine pour servir l'empereur persan, que je n'ai jamais vu, Mr le satrape de robe peut bien payer quelque chose pour avoir le plaisir de donner audience à des plaideurs.
            Babouc, indigné, ne peut s'empêcher de condamner dans son cœur un pays où l'on mettait à l'encan les dignités de la paix et de la guerre ; il conclut précipitamment que l'on y devait absolument ignorer la guerre et les lois, et que, quand même Ituriel n'exterminerait pas ces peuples, ils périraient par leur détestable administration.
            Sa mauvaise opinion augmenta encore à l'arrivée d'un gros homme qui, ayant salué très familièrement toute la compagnie, s'approcha du jeune officier, et lui dit :
            - Je ne peux vous prêter que cinquante mille dariques d'or, car, en vérité, les douanes de l'empire ne m'on rapporté que trois cent mille cette année.
            Babouc s'informa quel était cet homme qui se plaignait d'avoir gagné si peu ; il apprit qu'il y avait dans Persépolis quarante rois plébéiens qui tenaient à bail l'empire de Perse, et qui en rendaient quelque chose au monarque.  

            Après dîner, il alla dans un des plus superbes temples de la ville ; il s'assit au milieu d'une troupe de femmes et d'hommes qui étaient venus là pour passer le temps. Un mage parut dans une machine élevée, qui parla longtemps du vice et de a vertu. Ce mage divisa en plusieurs parties ce qui n'avait pas besoin d'être divisé ; il prouva méthodiquement tout ce qui était clair ; il enseigna tout ce qu'o savait. Il se passionna froidement et sortit suant et hors d'haleine. Toute l'assemblée alors se réveilla, et crut avoir assisté à une instruction. Babouc dit !
            - Voilà un homme qui fait de son mieux pour ennuyer deux ou trois cents de ses concitoyens ; mais son intention était bonne, et il n'a pas là de quoi détruire Persépolis. 

            Au sortir de cette assemblée on le mena voir une fête publique qu'on donnait tous les jours de l'année : c'était dans une espèce de basilique, au fond de laquelle on voyait un palais. Les plus belles citoyennes de Persépolis, les plus considérables satrapes, rangés avec ordre, formaient un spectacle si beau, que Babouc crut d'abord que c'était là toute la fête. Deux ou trois personnes, qui paraissaient des rois et des reines, parurent bientôt dans le vestibule de ce palais ; leur langage était très différent de celui du peuple ; il était mesuré, harmonieux et sublime. Personne ne dormait, on écoutait dans un profond silence, qui n'était interrompu que par le témoignage de la sensibilité et de l'admiration publique. Le devoir des rois, l'amour de la vertu, les dangers des passions, étaient exprimés par des traits si vifs et si touchants que Babouc versa des larmes. Il ne douta pas que ces héros et ces héroïnes, ces rois et ces reines qu'il venait d'entendre, ne fussent les prédicateurs de l'empire ; il se proposa même d'engager Ituriel à le venir entendre, bien sûr qu'un tel spectacle le réconcilierait pour jamais avec la ville.                                                                                                           
            Dès que cette fête fut finie, il voulut voir la principale rei               Picsou-Wilki
ne qui avait débité dans ce beau palais une morale si noble et si pure ; il se fit introduire chez Sa Majesté ; on le mena par un petit escalier, au second étage, dans un appartement mal meublé, où il trouva une femme mal vêtue qui lui dit d'un air noble et pathétique :
            - Ce métier ne me donne pas de quoi vivre ; un des princes que vous avez vus m'a fait un enfant ; j'accoucherai bientôt ; je manque d'argent, et sans argent on n'accouche point.
            Babouc lui donna cent dariques d'or, en disant ::
            - S'il n'y avait que ce mal-là dans la ville, Ituriel aurait tort de se tant fâcher. 
            De là il alla passer la soirée chez des marchands de magnificences inutiles. Un homme intelligent avec lequel il avait fait connaissance, l'y mena ; il acheta ce qui lui plut, et on lui vendit avec politesse beaucoup plus qu'il ne valait. Son ami, de retour chez lui, lui fit voir combien on le trompait. Babouc mit sur ses tablettes le nom du marchand pour le faire distinguer par Ituriel au jour de la punition de la ville. Comme il écrivait, on frappa à sa porte ; c'était le marchand lui-même qui venait lui rapporter sa bourse, que Babouc avait laissé par mégarde sir son comptoir.
           - Comment se peut-il, s'écria Babouc, que vous soyez si fidèle et si généreux, après n'avoir pas eu de honte de me vendre des colifichets quatre fois au-dessus de leur valeur ? 
          - Il n'y a aucun négociant un peu connu dans cette ville, lui répondit le marchand, qui ne fut venu vous rapporter votre bourse, mais on vous a trompé quand on vous a dit que je vous avais vendu ce que vous avez pris chez moi quatre fois plis qu'il ne vaut :  je vous l'ai vendu dix fois davantage, et cela est si vrai que, si dans un mois vous voulez le revendre, vous n'en aurez pas même ce dixième. Mais rien n'est plus juste ; c'est la fantaisie des hommes qui met le prix à ces choses frivoles ; c'est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j'emploie ; c'est elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux ; c'est elle qui excite l'industrie, qui entretient le goût, la circulation et l'abondance. Je vends aux nations voisines les mêmes bagatelles plus chèrement qu'à vous, et par là je suis utile à l'empire.
            Babouc, après avoir un peu rêvé, le raya de ses tablettes.


                                                      à suivre.......... 3

            Babouc.....




















                                                            



























                                                                                                  
            























dimanche 31 mars 2024

Le monde comme il va - Vision de Babouc Voltaire 1/3( Nouvelle France )

 





         





                                                     Le monde comme il va

                                                                          Vision de  Babouc

                                         ( écrite par lui-même )

            Parmi les génies qui président aux empires du monde, Ituriel tient un des premiers rangs, et il a le département du Scythe Babouc, sur le rivage de l'Oxus, et lui dit :

          - Babouc, les folies et les excès des Perses ont attiré notre colère ; il s'est tenu hier une assemblée des génies de la haute Asie pour savoir si on châtierait Persépolis, ou si on la détruirait. Va dans cette ville, examine tout ; tu reviendras m'en rendre un compte fidèle, et je me déterminerai, sur ton rapport, à corriger la ville ou à l'exterminer.
            - Mais, Seigneur, dit humblement Babouc, je n'ai jamais été en Perse, je n'y connais personne.
            - Tant mieux, dit l'ange, tu ne seras point partial ; tu as reçu du Ciel le discernement et j'y ajoute le don d'inspirer la confiance ; marche, regarde, écoute, observe et ne crains rien, tu seras partout bien reçu.
             
            Babouc monta sur son chameau et partit avec ses serviteurs. Au bout de quelques journées il rencontra vers les plaines de Sennaar l'armée persane, qui allait combattre l'armée indienne. Il s'adressa d'abord à un soldat qu'il trouva écarté. Il lui parla et lui demanda quel était le sujet de la guerre.

            - Par tous les dieux, dit le soldat, je n'en sais rien. Ce n'est pas mon affaire ; mon métier est de tuer et d'être tué pour gagner ma vie ; il n'importe qui je serve. Je pourrais bien dès demain passer dans le camp des Indiens : car on dit qu'ils donnent près d'ne demi-drachme de cuivre par jour à leurs soldats de plus que nous n'en avons dans ce maudit service de Perse. Si vous voulez savoir pourquoi on se bat, parlez à mon capitaine.                                                                     chagrinanimalclinic.com


            Babouc ayant fait un petit présent au soldat entra dans le camp. Il fit bientôt connaissance avec le capitaine, et lui demanda le sujet de la guerre/
            - Comment voulez-vous que je le sache ? dit le capitaine, et que m'importe ce beau sujet ? J'habite à deux cents lieues de Persépolis, j'entends dire que la guerre est déclarée ; j'abandonne aussitôt ma famille, et je vais chercher, selon notre coutume, la fortune ou la mort, attendu que je n'ai rien à faire
            - Mais vos camarades, dit Babouc, ne sont-ils pas un peu plus instruits que vous ? 
            - Non, dit l'officier, il n'y a guère que nos principaux satrapes qui savent bien précisément pourquoi on s'égorge.
            Babouc, étonné, s'introduisit chez les généraux ; il entra dans leur familiarité, l'un d'eux lui dit enfin :
            - La cause de cette guerre qui désole depuis 20 ans l'Asie vient originellement d'une querelle entre un eunuque d'une femme d'un grand roi de Perse et un commis du bureau d'un grand roi des Indes
Il s'agissait d'un droit qui revenait à peu près à la trentième partie d'une darique. Le premier ministre des Indes et le nôtre soutinrent dignement les droits de leurs maîtres. La querelle s'échauffa. On mit de part et d'autre en campagne une armée d'un million de soldats. Il faut recruter cette armée tous les ans de plus de quatre cent mille hommes. Les meurtres, les incendies, les ruines, les dévastations se multiplient
L'univers souffre et l'acharnement continue. Notre premier ministre et celui des Indes protestent souvent qu'ils n'agissent que pour le bonheur du genre humain et, à chaque protestation, il y a toujours quelque ville détruite et quelques provinces ravagées.
            Le lendemain, sur un bruit qui se répandit que la paix allait être conclue, le général persan et la général indien s'empressèrent de donner bataille, elle fut sanglante. Babouc en vit toutes les fautes et toutes les abominations ; il fut témoin des manœuvres des principaux satrapes qui firent ce qu'ils purent pour faire battre leur chef. Il vit des officiers tués par leurs propres troupes ; il vit des soldats qui achevaient d'égorger leurs camarades expirant pour leur arracher quelques lambeaux sanglants déchirés et couverts de fange. Il entra dans les hôpitaux où l'on transportait les blessés, dont la plupart expiraient par la négligence inhumaine de ceux mêmes que le roi de Perse payait chèrement pou les secourir.
            - Sont-ce là des hommes, s'écria Babouc, ou des bêtes féroces ? Ah ! je vois bien que Persépolis sera détruite.
            Occupé par cette pensée il passa dans le camp des Indiens : il y fut aussi bien reçu que dans celui des Perses, selon ce qui lui avait été prédit ; mais il y vit tous les mêmes excès qui l'avaient saisi d'horreur.
            " Oh, oh dit-il en lui-même, si l'ange Itureiel veut examiner les Persans, il faut donc que l'ange des Indes détruise aussi les Indiens. "
            S'étant ensuite informé plus en détail de ce qui s'était passé dans l'une et l'autre armée, il apprit des actions de générosité, de grandeur d'âme, d'humanité qui l'étonnèrent et le ravirent.
            " Inexplicables humains, s'écria-t-il, comment pouvez-vous réunir tant de bassesse et de grandeur, tant de vertus et de crimes. ? "
            Cependant la paix fut déclarée. Les chefs des deux armées, dont aucun n'avait remporté la victoire, mais qui, pour leur seul intérêt, avaient fait verser le sang de tant d'hommes, leurs semblables, allèrent briguer dans leurs cours des récompenses. On célébra la paix dans des écrits publics qui n'annonçaient que le retour de la vertu et de la félicité sur la terre.
            - Dieu soit loué ! dit Babouc, Persépolis sera le séjour de l'innocence épurée, elle ne sera point détruite comme le voulait ses vilains génies : courons sans tarder dans cette capitale de l'Asie.

Ciel Voyage en Mongolie
            Il arriva dans cette ville immense par l'ancienne entrée qui était toute barbare et dont la rusticité dégoûtante offensait les yeux. Toute cette partie de la ville se ressentait du temps où elle avait été bâtie car, malgré l'opiniâtreté des hommes à louer l'antique aux dépens du moderne, il faut avouer qu'en tout genre les premiers essais sont toujours grossiers.
            Babouc se mêla dans la foule d'un peuple composé de ce qu'il y  avait de plus sale et de plus laid dans les deux sexes. Cette foule se précipitait d'un air hébété dans un enclos vaste et sombre. Au bourdonnement continuel, au mouvement qu'il y remarqua, à l'argent que quelques personnes donnaient à d'autres pour avoir droit de s'asseoir, il crut être dans un marché où l'on vendait des chaises de paille ; mais bientôt, voyant que plusieurs femmes se mettaient à genoux en faisant semblant de regarder fixement devant elles, et en regardant les hommes de côté, il s'aperçut qu'il était dans un temple. Des voix aigres, rauques, sauvages faisaient retentir la voûte de sons mal articulés, qui faisaient le même effet que les voix des onagres quand elles répondent dans les plaines de Pictaves, au cornet à bouquin qui les appelle. Il se bouchait les oreilles mais il fut prêt encore plus de se boucher les yeux et le nez quand il vit entrer dans le temple des ouvriers avec des pinces et des pelles. Ils remuèrent une large pierre et jetèrent  à droite et à gauche une terre dont s'exhalait une odeur empestée ; ensuite on vint poser un mort dans cette ouverture et on remit la pierre par-dessus.


            - Quoi ! s'écria Babouc, ces peuples enterrent leurs morts dans les mêmes lieux où ils adorent la Divinité ! Quoi leurs temples sont pavés de cadavres ! Je ne m'étonne plus de ces maladies pestilentielles qui désolent souvent Persépolis. La pourriture des morts et celle de tant de vivants rassemblée et pressée dans le même lieu est capable d'empoisonner le globe terrestre. Ah ! la vilaine ville que Persépolis ! Apparemment que les anges veulent détruire pour en bâtir une plus belle et pour la peupler d'habitants moins malpropres, et qui chantent mieux. La Providence peut avoir ses raisons ; laissons-la faire.


                                  à suivre..........

            Cependant le soleil.......





            







mardi 5 mars 2024

 


 


                                                        Bungalow 21

                               ( Sur une idée de Benjamin Castaldi petit-fils de Simone Signoret )

            1960 Los Angeles. Simone Signoret et Yves Montand séjournent au Beverly Hllss Hôtel Bungalow 21.  Le couple Marilyn Monroe Arthur Miller occupent le numéro 20. Ils se connaissent. Signoret et Montand ont joué Miller à Paris, Les Sorcières de Salem. Les hommes s'apprécient et Marilyn Monroe a imposé Montand comme partenaire dans le film qu'ils s'apprêtent à tourner, Baise-moi pour les besoins de la pièce, ce qui crée un quiproquo, ( en réalité Le Milliardaire ), Arthur Miller achève le scénario des Misfits. Petite cuisine amertume lucidité de Miller touché par la culture française il offre '' Les mains sales " de Sartre. Mais Marilyn Monroe Belle Blonde et Champagne Innocence et Caprices offre des cadeaux à celle qui se console avec un Oscar reçu pour son interprétation dans Les Chemins de la Haute. Ville. Pièce douce-amère, simple, jouée par les sœurs Seigner Emmanuelle et Mathilde entre autres, au théâtre de la Madeleine en automne 2023. Pièce légère conversation- bulle de comédiens en pleine gloire. Une Marilyn au talent si particulier. Pièce à lire en écoutant Montand chanter Prévert et Kosma Les feuilles mortes

                                                  YouTube   Yves Montand Les feuilles mortes


                                                



        

samedi 2 mars 2024

Francis Lemarque Rue de Lappe ( Poème Chanson FRANCE )






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https://youtu.be/WvomYZICZAs?t=8

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                                                    Lamarque chante Paris
 
                                                         Rue de Lappe
                              
                                               Tous les samedis soirs on allait comm' ça
Dans un bal musette pour danser comm' ça
Dans un vieux quartier fréquenté comm' ça 
Par des danseurs de java comm' ça

Rue de Lappe Rue de Lappe au temps joyeux
Où les frappes où les frappes étaient chez eux
Rue de Lappe Rue de Lappe en ce temps-là
A petits pas on dansait la java
Les Jul's portaient des casquettes
Sur leurs cheveux gominés
Avec de bell's rouflaquettes
Qui descendaient jusqu'au nez
Rue de Lappe Rue de Lappe c'était charmant
Rue de Lappe Rue de Lappe mais plus prudent
Rue de Lappe Rue de Lappe pour les enfants
De les emm'ner ce soir là au ciné
Plutôt que d'aller s'faire assassiner
Passez la monnaie passez la monnaie et ça tournait    
Et plus ça tournait et plus ça tournait plus ça coûtait    
Qu'est c'que ça coûtait qu'est c'que ça coûtait quelques tickets   
Mais on n'les payait mais on n'les payait presque jamais
Ceux qui n'sortaient pas de Politechnique    
Pour la politesse avaient leur technique    
Avec les gonzesses c'était à coup d'trique    
Qu'ils discutaient politique comm' ça

Rue de Lappe Rue de Lappe on rencontrait
Une frappe une frappe qui revenait
Rue de Lappe Rue de Lappe pour respirer
Un peu d'air frais de ce bon vieux quartier
Il laissait à la Guyane    
Son bel ensemble rayé    
Pour cueillir le coeur d'ces dames    
Comme une pomme au pommier
Rue de Lappe Rue de Lappe c'était parfait    
Rue de Lappe Rue de Lappe oui mais oui mais    
Rue de Lappe Rue de Lappe par les poulets    
Un soir de rafle il se faisait cueillir    
Pour la Guyane il devait repartir
Passez la monnaie passez la monnaie et ça tournait    
Pendant qu'ça tournait pendant qu'ça tournait on l'emmenait   
Et ça lui coûtait et ça lui coûtait quelques années    
Mais il n'les faisait mais il n'les faisait presque jamais
Rue de Lappe Rue de Lappe quand il rev'nait    
Rue de Lappe Rue de Lappe il r'commençait.
                                                 
   






































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Rue de Lappe  Mouloudji













/youtu.be/NalJHor44jc




































https://youtu.be/NalJHor44jc













samedi 24 février 2024

Le Bunker de Tbilissi Iva Pezuasvili ( Géorgie Roman )

 








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                                                    Le Bunker de Tbilissi

            Mila, Guéna, Zelma, Lazaré. 9 avril jour anniversaire national et en particulier de Mila  Nés en Arménie Mila et Guéna ont vécu un amour fougueux évanoui quelques années plus tard. Artiste plongé soudain dans une recherche spirituelle, il vit d'une modeste pension  d'ancien combattant, laris vite dépensés en frais fixes, tabac, Mila a appris à couper les cheveux sur son téléphone elle travaille et rencontre un géorgien fortuné. L'intérêt du roman réside dans l'itinéraire des personages. De Bakou à Tbilissi en passant par Erevan Pezuasvili raconte l'histoire récente surtout de ce petit pays très convoité par la Russie. Guerres, Haut-Karra back, Ingoutie, guerres régionales. Des chefs d'état occidentaux se déplacèrent, apaisant les conflits. La Géorgie, les Géorgiens aiment chanter, danser, leur troupe célèbre tourna plusieurs semaines autour du monde. Mais Pezuasvili a choisi de centrer son roman sur parsonages convenus et une société modeste, Zelma travaille pour la police, Lazaré livreur de repas; file sur son scooter et lors d'un incident imprévu cela devient un problème pour le budget familial, il rêve par ailleurs de devenir rappeur, ce qu'il est et s'aperçoit être plus connu qu'il ne pensait. Le bunker ce local poubelles puant puis le bastion d'où ne sortent  jamais des chinois qui ont construit le village olympique à Sotchi sans faire appel aux géorgiens. Roman court, parsemé de rappels historiques, semble écrit avec colère, bruyant, facile à lire, intéressant. Bonne lecture.
















vendredi 2 février 2024

Brad Frederic Mitterand (Biographie France )

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                                                                      Brad

            Elevé dans le Missouri à Springfield, une enfance tranquille dans une famille unie, aîné de trois enfants, anabaptiste, doué pour le dessin, il ne termine pas ses études universitaires. Réunissant 300 dollars et au volant d'une vieille voiture il traverse les Etats Unis en plusieurs jours. A Hollywood son but commence une vie de petits boulots pour survivre espérant être remarqué par un studio sera où il ne connait personne, grimé en poulet il vante un restaurant mexicain puis devenu chauffeur de strip-teaseuses l'une d'elles le remarque et le signale à un agent. Néanmoins Brad Pitt tournera de nombreux petits rôles avant Thelma et Louise film important qui le lancera. Formé à l'école hollywoodienne l'acteur Brad Pitt et non le comédien comme il le conçoit lui-même est devenu une figure sympathique et familière du paysage français où il a acquis un domaine pour une bonne part viticoles dans le Var. Ses nombreuses compagnes ses liaisons son état dépressif surtout ont attiré Frédéric Mitterand il décrit ainsi " son visage adorable ". Il avoue cependant qu'ils ne se connaissent pas alors qu'il écrit le livre de l'adulateur d'une star. Père de famille marié à Angelina Jolie ils ont une fille et deux jumeaux et adopté plusieurs enfants. En couple avec Gwineth Paltrow elle aussi assez malheureuse alors il la quitte et vit avec Jennifer Aniston qu'il épousera et quittera  pour Angelina Jolie épousée puis divorce. Brad Pitt est devenu producteur dans les années 2000 il continue par ailleurs à dessiner et sculpter le bois. Frédéric Mitterand présente et critique une grande partie des films et des réalisateurs avec qui l'acteur a travaillé. Ouvrage intéressant pour qui s'intéressé au cinéma américain pour les fans de Brad Pitt et pour tous, se lit comme un roman. Bonne lecture.






lundi 29 janvier 2024

Mon enfant ma soeur Eric Fottorino ( Roman France )

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         Mon Enfant
                           Ma Soeur

            Un des plus beaux romans parus cette saison, bouleversant son sujet, une enfant arrachée à sa mère à sa naissance, sa forme, un long poème 
( 270 pages ) " ..... sa bouche se tordre ses dents claquer
                               jusqu'à se mordre
                               son corps entier secoué de spasmes

                               tremblement de mère..... " 
son écriture. L'auteur né en 1963 dans l'histoire vit seul avec sa mère, son père les ayant abandonnés. Quelques années plus tard, alors encore enfant sa mère devenue infirmière lui apprend qu'avant lui, en 1960, elle eut une petite fille d'un père parti lui aussi "...... J'ai eu une fille
                                                                                                           on me l'a prise..... "
La jeune jeune future mèr âgée d'à peine 17 ans vivait avec sa mère pauvre et déchue socialement cache sa fille dans une mansarde jusqu'à son accouchement organisé dans une institution religieuse, le bébé partit vers un destin inconnu. Enfant, adolescent, adulte 57 ans durant il cherchera cette petite sœur que dans son cœur il a prénommé Harissa. Deux pères différents, tous deux orientaux.
            " ....... on courait après le malheur
                       mamie l'aimait tant
                       qu'elle ne pouvait se contenter du sien
                       .............
                                   ...... maman voulait à mon épaule
                                          accrocher son fardeau
                                          chaque jour davantage lui pesaitquinzede te savoir quelque part
                                          mais nulle part
                                          mais n'importe où
                                           ............ "
Sixième roman sur un sujet toujours douloureux. Mon enfant Ma soeur peut-être le dernier de l'histoire familiale si Harissa, Marie-Elisabeth pour la mère, est retrouvée, ce que conte le livre. Eric Fottorino, journaliste, Le Monde, romancier fondateur de revues, a fait des études de droit à La Rochelle et d'Etudes Politiques à Paris, auteur plusieurs fois lauréat de divers prix auteur d'une quinzaine d'ouvrages. Très bon livre, bonne lecture.